De l’ombre à la lumière, l’incroyable histoire de la marinière

Culture De l’ombre à la lumière, l’incroyable histoire de la marinière crédit photo - © Berthier Emmanuel

Imaginez-vous être dans un jeu. Vous avez dix secondes et seulement dix, pour citer trois choses qui vous font penser à la Bretagne. On parie que la plupart d’entre vous nous disent : galette saucisse, beurre salé et … Marinière ! Logique, puisque cette dernière est assurément l’un des symboles indissociables de la culture bretonne. Du simple vêtement marin au véritable phénomène de mode, on vous dit tout sur la fabuleuse histoire de la marinière.

La protection des marins

Non, mesdames et messieurs la marinière n’a pas toujours été un habit de mode, à la fois chic et décontracté, qui peut se porter à toutes les occasions. Bien au contraire ! L’origine de marinière bretonne c’est même l’opposé de tout ça. Machine à remonter le temps s’il vous plaît, nous voici rendus au 17e siècle. A l’époque, les courageux marins qui prennent le large doivent porter des vêtements les plus chauds possibles pour résister aux conditions climatiques souvent capricieuses. C’est pourquoi, ils enfilent le fameux tricot rayé en guise de sous-vêtement. Ce dernier leur descend jusqu’aux genoux et leur assure une protection supplémentaire contre le froid.

Si la marinière authentique est à l’époque utilisée par les forçats de la mer pour se protéger, son rôle ne s’arrête à priori pas là. En effet, il se dit que le vêtement blanc et bleu servait à mieux repérer les matelots tombés à l’eau. Dans tous les cas on est d’accord : on est bien loin du vêtement ultra tendance du moment.

Histoire de la marinière : du tricot à l’uniforme officiel

L’année 1858 est une date importante dans l’histoire de la marinière. À cette époque, le tricot rayé prend du galon. Par un décret officiel, l’Etat rend le port de l’uniforme obligatoire aux matelots et aux quartiers-maîtres de la Marine Nationale. Jusqu’alors réservés aux officiers, l’uniforme se répand sur le pont des bateaux de l’armée française. Ainsi, la marinière s’invite officiellement à la liste des vêtements composant le paquetage des marins engagés.

« La chemise devra compter 21 rayures blanches, chacune deux fois plus large que les 20 à 21 rayures bleu indigo. » Décret du 27 mars 1858

Mais attention, à l’armée on ne plaisante pas. Effectivement, l’annonce de l’uniformisation de la marinière est accompagnée de la manière exacte selon laquelle elle doit être confectionnée. Une description précise allant jusqu’à détailler au centimètre près la largeur de ses rayures.

« Pour le corps de la chemise, les raies blanches d’une largeur de 20 millimètres sont au nombre de 21 » selon la légende, cela correspondrait aux nombres des victoires de Napoléon

Histoire de la marinière : quand tout s’emballe

1916, il est là le véritable tournant dans l’histoire de la marinière. C’est depuis Deauville que la très célèbre créatrice de mode Coco Chanel place le simple tricot marin sous les feux de la rampe. En l’adoptant elle-même dans sa garde-robe, elle fait entrer le vêtement rayé bleu et blanc dans l’univers du luxe. Dans sa boutique deauvillaise, elle propose sa propre version de la marinière. Ainsi le vêtement marin jusqu’alors réservé aux hommes se décline dans une collection plus féminine, plus décontractée et surtout vous l’aurez compris, plus luxueuse !

Par la suite, la marinière ne quittera plus l’univers de la mode. En effet, elle sera reprise par plusieurs grands couturiers tels que Yves Saint-Laurent, Jean-Paul Gaultier ou encore Karl Lagerfeld, la propulsant ainsi sur les podiums du monde entier. En 2011, l’équipementier sportif Nike la déclinera à son tour et habillera ainsi l’équipe de France de football pour ses matchs extérieurs.

La nouvelle icône du made in France

Au fil des années, la marinière devient le symbole du savoir-faire français. En 2012, Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, pose à la une du Parisien vêtue du fameux tricot rayé. L’objectif de ce coup de communication est à l’époque, de promouvoir le made in France. Produite localement par des marques françaises telles que Saint-James, Armor Lux, Orcival ou encore Le Minor, on comprend pourquoi la marinière avait été choisie pour mettre en lumière le savoir-faire et la réussite à la française.

Le vêtement breton par excellence

Si sur la scène internationale la marinière incarne le made in France, qu’en est-il dans l’esprit des français ? De façon logique, elle est associée au monde marin. Inévitablement, elle l’est également à la Bretagne. Terre de marins par excellence, l’explication est toute trouvée. Produite et commercialisée par de grandes marques bretonnes comme Armor Lux par exemple, la marinière s’ancre, de fait, un peu plus en Bretagne dans l’esprit de tous.

A ce jour, le tricot rayé est porté aux quatre coins des départements bretons. Que ce soit par tradition, par habitude ou par fierté, la marinière est dans toutes les gardes robes. Devenue chic et ultra tendance, les marques n’en finissent plus de la décliner dans leurs collections de prêt-à-porter. Ainsi petits et grands raffolent du vieux vêtement marin qu’ils peuvent désormais enfiler à toutes occasions.

Finalement l’histoire la marinière c’est un peu le fabuleux destin d’un simple vêtement marin devenu malgré lui l’habit que tout le monde s’arrache. Aujourd’hui, s’il est l’un des ambassadeurs du savoir-faire français, il est avant tout la fierté et un des symboles de toute une région. D’ailleurs, après la marinière, pourquoi ne pas découvrir l’histoire et la signification du triskell ?

Produit 100% Charentais passionnée de sport et de nature. J'ai découvert la Bretagne... aà contre cœur, (les préjugés ont la peau dure !) et j'en suis repartie en pleurant ! Depuis cette incroyable découverte, il m'est vital de m'y échapper plusieurs fois par an avec mon vélo. Encore une preuve que tout peut arriver sur un malentendu !
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